dimanche 24 octobre 2010

Recrutement par le réseau de transport en commun de ma ville : 5) test de conduite

La dernière étape : le test de conduite

A la fin de l'entretien, le responsable d'exploitation avec qui j'avais déjà papoté pour mon EMT vient me chercher pour le test. Je suis bien curieux de savoir quel sera le véhicule utilisé... En effet, ayant déjà eu la chance de conduire pas mal d'engins différents dans ma vie : camionnettes de toutes tailles, Fenwicks, PL (je précise que je n'ai pas le perrmis C), et d'autres... je ne crains pas trop la question du gabarit. Par contre je m'interroge beaucoup sur l'ergonomie du véhicule. Je pense en effet que la taille des rétros, la dureté des pédales, le bon état de la boite de vitesse, et autres éléments pratiques peuvent faire toute la différence sur une véhicule inconnu quand on n'a qu'une petite trentaine de minutes pour convaincre... Si on se retrouve avec une vieille bouse démontée qui a passé sa vie à être donnée en patûre à des bleus, le trajet risque d'être moins souple... En fait, il s'avère que je tombe sur un Renault Master plutôt neuf, modifié en stand promotionnel mobile, et qui a donc à l'arrière une caisse cubique qui dépasse en largeur, ce qui le rend similaire à un camping-car de taille moyenne. Ca me va! Je suis doublement rassuré : le véhicule a de bons gros rétros de PL, et la chaîne de transmission s'avère étonnamment plus légère que celle de ma voiture.

Le trajet alterne les difficultés majeures qu'on peut rencontrer en ville (demi-tour sur une grosse avenue très fréquentée, insertion au milieu d'une circulation dense, quelques rues étroites bordées de pistes cyclables, zones limitées à 20km/h, tunnels) et les couloirs de bus (avec parfois leur circulation à contre-sens, ce qui est un peu déconcertant). Je dois également respecter les limites de vitesse imposées aux bus : 40 en ville, 20 dans l'hyper-centre, 70 en dehors. Globalement ça se passe bien, le véhicule n'est pas traître et me permet de conduire à peu près comme je le veux. Le seul point gênant est que le Master est un gros veau des familles (aucun, mais alors aucun couple, et la puissance qui finit seulement par arriver vers 2.500 t/min avec le turbo à fond, bref une abomination pour une conduite style bus). Or, j'ai l'habitude de démarrer souplement : en lâchant simplement l'embrayage, sans besoin d'accélérer sur le premier mètre, mais c'est pratiquement impossible sur le Master et je cale plusieurs fois! Je suis un peu gêné de faire une erreur de jeune conducteur mais le responsable me dit que ça n'a aucune importance, il veut surtout voir si j'ai conscience du gabarit, de la sécurité et du code de la route. Pas de soucis de ce côté-là, et c'est vrai qu'en oubliant le moteur anémique, je me sens très à l'aise dans l'exercice. Le responsable ira même jusqu'à me dire "on dirait que vous avez conduit ça toute votre vie!". Je prends ça pour un beau compliment et termine le test avec la banane jusqu'aux oreilles.

On ramène le véhicule au dépôt et le responsable me demande de le garer en marche arrière dans une place perpendiculaire... au début je suis perplexe, car j'ignorais qu'il y aurait une petite manoeuvre à effectuer... mais en fait je la réalise sans problème : en 10 secondes, super droit et du premier coup! Je me dis que j'ai vraiment un bol pas possible. En fait, ceux qui ont déjà conduit des véhicules lourds le savent : avoir de bons rétros, c'est déjà la moitié du boulot de fait.

En conclusion, autant ce jour-là je suis rentré chez moi sans savoir exactement si j'avais convaincu lors des entretiens des heures précédentes, autant j'avais la certitude d'avoir l'aval du responsable d'exploitation pour ma sélection. Néanmoins, avec le recul je trouve que ce test était plutôt poussé. Je pense qu'une personne qui n'aurait pas eu l'opportunité de conduire différents types de véhicules dans sa vie s'en serait sans doute sorti avec plus de difficulté.

La morale de toute ces épreuves de recrutement est qu'il n'est vraiment pas aisé de rentrer dans les grandes entreprises. A l'inverse, chez certains petits autocaristes, j'ai eu des échos de conducteurs se présentant le vendredi pour un petit dialogue sympathique avec le responsable, et hop embauche immédiate pour commencer le lundi... le tout sans expérience avec uniquement un permis tout frais en poche! Mais bien sûr, c'était pour du temps partiel au SMIC horaire...

En ce qui me concerne, ce test était donc la dernière étape de la procédure de recrutement, et c'est seulement deux semaines plus tard que je recevrai la confirmation téléphonique que ma candidature a été retenue. Deux semaines durant lesquelles je dois admettre que j'ai eu du mal à trouver le sommeil!

Trois semaines après le coup de fil, c'est-à-dire cinq semaines après cette dernière série de tests et d'entretiens, j'ai finalement reçu une grosse enveloppe du centre de formation choisi par l'entreprise, contenant toutes les informations pratiques.

On commence donc le 15/11 (6 mois après les premiers contacts avec l'entreprise). Il y a un dossier à remplir et bien sûr le document pour l'aptitude médicale. A cet effet, je me rends lundi chez le médecin agréé. A priori je suis en parfaite santé, mais j'espère ne pas être pénalisé par mon léger strabisme...