mercredi 6 octobre 2010

Deuxième EMT : suburbain (ou extra-urbain, inter-urbain, bref...)


Préambule : vous pouvez lire le compte-rendu de l'EMT que j'ai faite en transports urbains ici.

Curieux d'en savoir un peu plus sur le métier de conducteur d'autocars spécifiquement, je décidai en juin dernier de réaliser une seconde EMT auprès d'un autocariste de ma région. Celui qui accepta ma demande fait du transport de tourisme, des lignes régulières extra-urbaines et du transport scolaire pour les gamins de la campagne. Je n'ai pas pu accompagner de conducteur faisant du tourisme en raison du découchage, que l'entreprise n'allait évidemment pas me payer en tant que simple "stagiaire observateur". C'est donc sur des lignes reliant la cambrousse au centre-ville, sur une ligne scolaire, et sur un transport de gamins au centre sportif que j'ai eu le loisir d'accompagner des conducteurs.

Premier jour : les gamins

La prise de service se fait moins tôt que pour les lignes urbaines, on ne démarre que vers 7h. L'entreprise est bien plus petite et l'ambiance est à la bonne franquette : ma tutrice, par ailleurs très sympa, arrive pratiquement en pantoufles avec les bigoudis sur la tête. Je caricature gentiment bien sûr, pour illustrer la décontraction de cette entreprise, loin de l'uniforme obligatoire dans l'entreprise de transport urbain, de son travail à la minute près et de la rigueur générale qui s'en dégageait.

Ici on conduit un car, et même s'il n'est pas de première jeunesse, c'est vrai que ça a quand même une sacrée allure, il en impose plus que le plus beau et le plus récent des bus. Question de hauteur sans doute, car la longueur de 12 mètres est finalement la même. On se sent bien dans le car, on peut en outre mettre sa propre musique, et on est globalement plus décontractés. Le poste de conduite des bus, plus étriqué et austère (malgré la technologie présente à bord), rappelle en quelque sorte au conducteur qu'il n'est au final qu'un des derniers maillons de la société...

Les gamins connaissent tous ma tutrice et pour la plupart elle les salue par leur prénom. C'est sympa, le temps passe vite, surtout qu'il n'y a pas besoin de faire payer nos petits passagers puisque le transport scolaire fait l'objet d'un abonnement à l'année. Ca change pas mal le rapport qu'on a avec la clientèle. Il faut cependant leur rappeller quelques fois que le conducteur est le chef à bord et qu'il faut lui obéir : pas question de se tenir debout dans l'allée centrale ou de mettre les pieds sur les sièges.

L'itinéraire passe par différents patelins et emprunte un certain nombre de routes de campagne, entre les champs. C'est agréable, on se demande s'il s'agit du boulot ou des vacances. Il fait beau, nous sommes en juin et ce sera mon seul jour sur ce trajet. Je me doute bien que faire chaque jour exactement la même ligne au creux de l'hiver doit être moins épanouissant.
On est de retour au dépôt peu après 9h. Je rentre chez moi, on se revoit vers 14h30 pour amener d'autres gamins depuis leur collège au centre sportif avant d'enchaîner sur le service scolaire du soir.

A 14h30 on se retrouve au dépôt pour aller chercher les gamins dans leur établissement. Une fois déposés au centre sportif, on laisse le car et on va boire un café pendant une bonne heure en les attendant. On les ramène ensuite à leur collège avant d'enchaîner sur la même ligne scolaire que ce matin mais dans l'autre sens. Les autocars font déjà la file devant les écoles et je comprends qu'il y a  pour ceux-ci une certaine hiérarchie, un certain ordre d'arrivée et de départ à respecter, mais en toute honnêteté ceux-ci m'échappent totalement... autant me demander de comprendre le système des castes en Inde!
Une fois notre tâche accomplie, on est de retour au dépôt peu après 18h. La journée est finie mais avant de quitter le bus on passe l'extérieur aux rouleaux et on donne un coup de balai à l'intérieur. Environ une fois par semaine, en plus des rouleaux, il est de la responsabilité du conducteur de passer un coup de karcher dans les coins.

Comme vous l'aurez compris, ma tutrice travaille en horaire coupé et à temps partiel. La plupart des conducteurs de cette entreprise (et des autres de la région, devais-je rapidement apprendre) sont à mi-temps mais peuvent être souvent amenés à faire des heures supplémentaires. Beaucoup en totalisent un tel nombre que leur niveau de vie est celui d'un temps plein. Le problème du secteur n'est pas un manque de travail mais plutôt l'irrégularité de celui-ci. La charge de travail dépend des écoles qui décident de faire telle ou telle activité, des réservations pour des excursions touristiques, des saisons, etc... sans parler des annulations de dernière minute, fréquentes apparement. Difficile dans ces conditions de garantir x heures de travail par semaine à chaque conducteur. Ce n'est donc généralement qu'après plusieurs années au sein de l'entreprise qu'on peut prétendre à un temps plein.

Deuxième jour : ligne extra-urbaine

Je n'ai toujours pas saisi la différence profonde entre les termes sub, extra et inter-urbains mais ça ne m'inquiète pas trop : le responsable d'exploitation n'y comprend rien non plus! On en rigole ensemble...

Je commence vers 6h20 avec cette fois encore une tutrice. Nous prenons un bus pour faire 2 allers-retours entre le centre-ville de la capitale régionale et celui d'un petit patelin situé à une quinzaine de kilomètres plus au sud. Comme pour le service scolaire, ma tutrice fait chaque jour le même itinéraire dans le même véhicule (un bus Setra qui a presque l'allure d'un car). Ma tutrice conduit chaque jour la même ligne et la clientèle est composée en grande partie d'habitués dont on finit par connaître les parcours, ce qu'ils font dans la vie, etc. L'ambiance est ici aussi assez relax, il y a peu de clients et ceux-ci ont le verbe facile.

Nous rentrons au dépôt vers 9h30. La ligne ne circule qu'aux heures de pointe du matin et du soir. Ici aussi, pas de temps plein pour ma tutrice.

Conclusion

N'ayant pas pu accompagner un conducteur en tourisme, je ne peux pas dire que la pratique du métier de conducteur présente énormément de différence entre l'urbain et l'extra-urbain. Certains aspects me donnent  plutôt envie de travailler dans l'urbain (temps plein, bon package salarial, variété des lignes), d'autres m'inspirent le contraire (attitude et clientèle plus cool, routes de campagne agréables). Il est donc, à l'issue de ces deux EMT, très difficile pour moi de choisir précisément vers quel type d'entreprise me diriger pour débuter ma carrière.

N'ayant pas encore le permis, je déciderai simplement de tenter les deux options, de frapper à toutes les portes, et puis... advienne que pourra! J'ai de toutes façons dans l'idée de goûter à tous les aspects du métier au fil de ma carrière. J'aime la variété, et une fois le permis en poche je ne peux pas concevoir de ne pas m'essayer aussi bien à l'urbain qu'au tourisme international, aux navettes saisonnières en montagne ou encore au transport scolaire, pour ne citer que quelques exemples possibles.

J'aborderai dans les prochains articles les démarches entreprises pour trouver un financement à mon permis...