dimanche 17 octobre 2010

Recrutement par le réseau de transport en commun de ma ville : 3) 2ème entretien

Une quinzaine de jours après l'entretien avec la psychologue du cabinet de recrutement, je reçois un coup de fil du responsable d'exploitation de la société de transport, m'annonçant que ma candidature a été retenue pour la suite des événements. En effet, je serai convoqué 5 à 6 semaines plus tard pour deux entretiens et un test de conduite. Quatre mois de délai entre le début du recrutement et la dernière série d'entretiens, qui elle-même précède l'entrée en fonction effective de plusieurs mois, voilà ce qu'on appelle une entreprise dotée "d'une vision à long terme" ;-)

Mi-septembre donc, je me retrouve effectivement dans les bureaux de l'entreprise pour une journée marathon : à intervalles de deux heures se succéderont un entretien face à deux responsables de groupe, un entretien face au DRH, et un test de conduite en camionnette. Ma foi c'est plutôt bien vu... j'ai toujours été partisan de passer les épreuves difficiles le plus rapidement possible, et je préfère en finir une bonne fois pour toute avec les entretiens plutôt que de devoir revenir durant trois journées successives. De leur côté, je pense que mettre le test de conduite en fin de journée après deux entretiens permet de voir comment on se débrouille avec un peu de fatigue et de stress dans les pattes.

D'un point de vue vestimentaire, connaissant le côté légèrement "guindé" des bureaux de l'entreprise pour y avoir mis les pieds en mai pour mon EMT, je ne peux cependant toujours pas me résoudre à mettre un costume pour un emploi de conducteur. Mais je décide de faire ce qu'il y a de plus chic sans tomber dans le complet veston-cravate. Tout de noir vêtu, je porte un pantalon de costume super bien taillé et une belle chemise noire à rayures, rentrée dans le pantalon cette fois. Classe, discret, nickel. En fait, je suis en costume mais sans cravate et je profite qu'il fait encore beau pour laisser le veston à la maison. Une fois de plus j'ai de la chance et je pense avoir fait mouche. En effet, ce jour-là mes interlocuteurs sont habillés de la même manière, voir franchement plus cool. Le costume aurait sans doute été de trop.

Premier entretien : duo de responsables de groupe

Sans doute un des entretiens les plus difficiles que j'ai connu. Manifestement; les deux responsables ont chacun un rôle à jouer : le premier qui restera à me fixer stoïquement pendant tout l'entretien, le second qui tentera de démonter chacun de mes propos pendant toute la durée de celui-ci. Ayant beaucoup voyagé et exercé un bon nombre de métiers différents par le passé, je comprends rapidement que mon rôle sera de les convaincre de ma volonté (réelle!) de me poser à présent et de rentrer dans cette profession sur le long terme. Il apparaît clairement que les responsables craignent de se retrouver avec un CR ingérable, instable ou qui n'en fait qu'à sa tête. En fait ce n'est pas du tout mon cas : je suis plutôt bonne pâte et fiable, mais en grand curieux de la vie et n'ayant jamais craint de me retrouver dans le besoin, ça explique mon parcours éclectique. Or pour les en convaincre, on tente de me pousser dans mes derniers retranchements. Par exemple, on me demande pourquoi je ne veux plus exercer tel métier que j'ai fait auparavant, je réponds qu'il présentait tel désavantage, on me coupe brutalement et on me répond que c'est faux! Evidemment c'est désarçonnant, je sais quand même de quoi je parle... Du coup j'affine mon explication et, voyant qu'il n'est plus possible de me casser sur ce sujet, on me coupe à nouveau la parole sêchement  pour enchaîner sur autre chose. Autre exemple : on me demande si je me vois encore comme CR dans 30 ans. Bien sûr c'est une question à laquelle il est difficile de répondre (qui sait ce qui peut se passer en 30 ans), mais ma foi je n'y vois à priori pas d'objection et commence à les en convaincre... on me pose 2-3 sous-questions dans le but de me faire continuer dans cette direction, et paf! tout à coup un des responsables lève la voix et me fait comprendre que les CR deviennent souvent mécontents après quelques années de service, et que l'entreprise s'en fout (texto!) de savoir qu'on reste chez eux longtemps ou pas, que de toutes façons ce n'est pas eux qui paient la formation mais Pôle-Emploi... Du coup, à quoi bon avoir passé 5 minutes à essayer de savoir si je m'y voyais encore dans 30 ans...?

Bref, je pourrais encore donner de nombreux exemples qui ont eu lieu au cours de cet entetien d'une heure très intense. Mais pour résumer, je pense que les buts principaux de cette épreuve étaient de tester la cohérence de ma motivation, de vérifier ma résistance au stress, mon sang-froid, et ma bonne humeur. J'ai même quelque peu l'impression que le contenu réel de mes réponses n'était pas toujours important et qu'il n'était que prétexte à trouver un moyen de me "malmener" un peu et d'observer ma réaction.

Je suis resté cool et souriant tout du long et, bien qu'un peu désarçonné à plusieurs reprises, j'ai réussi à garder une attitude positive. Sincèrement, je ne suis pas dans leur tête mais je crois que c'était ça le plus important et que ça a porté ses fruits. Le clou du spectacle a été, après ces questions posées de manière tout de même relativement agressive, de me demander comment j'avais trouvé l'entrevue. En toute honnêteté, j'ai répondu du tac au tac "oh, ça c'est très bien passé!". En effet, j'étais fier d'avoir gardé une bonne attitude malgré la situation assez contraignante. Je crois que cette réponse a également été décisive car au fond, quand on passe une journée au volant avec des clients qui ne vous saluent pas, qui râlent parce que ça n'avance pas assez vite ou qui vous insultent parce que vous ne les laissez pas rentrer dans le bus avec un meuble de 3 mètres, et bien c'est important d'avoir en soi suffisamment d'énergie positive pour rester cool.